Gand, le DAG MAAND 2025 – Le cours de l’or atteint aujourd’hui le seuil symbolique de cent mille euros pour un kilogramme. Après avoir battu une série de records ces dernières années, le cours du métal précieux a franchi une limite jugée longtemps inatteignable. Bien que l’or ait toujours joué un rôle important, sa valeur n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Johan de Ruiter, CEO du Comptoir de l’or : « L’or est en vogue et n’a jamais été aussi recherché. Et qui sait comment le prix évoluera dans les années à venir ? »
L’or a longtemps occupé une place centrale dans l’économie mondiale. Bien avant la Seconde Guerre mondiale, il était déjà considéré comme la forme d’échange ultime et une réserve de valeur stable. Il y a exactement 100 ans, de nombreux pays, dont la Belgique, utilisaient encore l’étalon-or : les devises pouvaient être directement échangées contre une quantité fixe d’or. Ce système renforçait la confiance dans les devises nationales et assurait la stabilité du commerce international. Pendant l’entre-deux-guerres, la confiance mondiale dans l’étalon-or s’est toutefois effritée. À cause des crises économiques, comme la Grande Dépression des années 1930, les pays ont éprouvé des difficultés à maintenir le lien entre leur monnaie et l’or. De nombreux gouvernements ont fini par renoncer à l’étalon-or pour retrouver une plus grande marge de manœuvre en matière de politique monétaire.
Bretton Woods
Après la Seconde Guerre mondiale, les gouvernements ont tenté de mettre en place un nouveau système financier via les accords de Bretton Woods (1944). Le dollar américain était lié à l’or, et les autres devises au dollar. Ce système a perduré jusqu’en 1971, lorsque le président américain Richard Nixon a décidé de désolidariser le dollar et l’or. Cette décision, motivée entre autres par le coût élevé de la guerre du Vietnam et le déficit budgétaire croissant des États-Unis, a mis fin à l’étalon-or. La crise pétrolière de la même année a provoqué une forte inflation, poussant à nouveau les investisseurs à se tourner vers l’or comme valeur refuge et faisant grimper son prix en flèche.
Peur figée dans le métal ?
À la fin des années 1980 et dans les années 1990, l’image de l’or a changé. L’économie mondiale connaissait une forte croissance, l’inflation restait faible et la confiance dans les marchés financiers augmentait. Les investisseurs et les fonds de pension se tournaient davantage vers les actions, qui offraient à l’époque des rendements élevés. L’or était perçu comme une relique du passé, perdant sa popularité en tant que placement potentiel. Mais cette tendance a été brutalement interrompue par la crise financière de 2008. Lorsque les banques ont fait faillite et que la confiance dans le système financier s’est effondrée, les investisseurs se sont mis en quête de sécurité et de stabilité. L’or a une fois de plus démontré sa valeur comme investissement résistant aux crises. Son prix a fortement augmenté, consolidant sa réputation de valeur refuge en période d’incertitude économique.
Un prix doublé en cinq ans
Au cours des cinq dernières années, le prix de l’or a doublé, porté par une succession d’événements mondiaux ayant accentué l’incertitude sur les marchés financiers. La pandémie de COVID-19 (2020–2021) a marqué le début de cette période. Les gouvernements ont alors massivement recouru à la planche à billets pour maintenir leurs économies, ce qui a alimenté les craintes inflationnistes et accru la demande d’or en tant que valeur refuge.
En 2022, l’inflation a grimpé dans de nombreux pays occidentaux. En cause ? La hausse des prix de l’énergie et la perturbation des chaînes d’approvisionnement. La guerre en Ukraine a également éclaté, ravivant les tensions géopolitiques et provoquant un nouvel engouement pour l’or. En période d’incertitude, les investisseurs se tournent traditionnellement vers l’or, une tendance accentuée par les achats massifs d’or des banques centrales. Des économies émergentes comme la Chine et l’Inde, en particulier, y ont vu un moyen de réduire leur dépendance au dollar américain. En 2023 et 2024, le conflit à Gaza et les tensions persistantes au Moyen-Orient ont eux aussi alimenté l’instabilité. L’or a continué de profiter de l’incertitude mondiale, d’autant plus que les hausses de taux d’intérêt par les banques centrales ont peu à peu ralenti et que les taux d’intérêt réels sont restés faibles. De Ruiter: « L’or suit traditionnellement l’inflation, ce qui en fait un moyen de valeur stable. Une inflation élevée combinée à des taux d’intérêt bas alimentent une hausse rapide du prix de l’or. La dévaluation de la monnaie se reflète aujourd’hui dans la forte hausse du prix de l’or. »
Le facteur ‘Trump’
L’instabilité politique s’y est ajoutée en 2025 avec le retour de Donald Trump sur la scène internationale. Ses mesures protectionnistes et ses droits de douane font craindre des guerres commerciales et mettent à nouveau l’économie mondiale sous pression. Les investisseurs anticipent la volatilité et protègent leur patrimoine en achetant de l’or. De plus, les mesures prises par Trump ont affaibli le dollar depuis le début de l’année 2025. Afin de mieux supporter les charges d’intérêt, Trump souhaite que la banque centrale américaine, la FED, réduise encore les taux d’intérêt. Cela pourrait favoriser l’inflation, ce qui inciterait les investisseurs, les gestionnaires de fortune et les particuliers à considérer l’or comme une garantie de leur patrimoine. De Ruiter : « Le franchissement du cap des 100 000 euros pour un kilo d’or est un événement marquant. Mais nous pouvons toutefois émettre une réserve. L’or vaut-il aujourd’hui deux fois plus qu’il y a cinq ans ? Ou est-ce notre monnaie qui vaut aujourd’hui la moitié de ce qu’elle valait alors ? Je pense que c’est une combinaison des deux. »